La retraite pour se reposer

Hit parade n° 1 des réponses quand on interroge un futur retraité sur ce qu’il fera à la retraite :

je vais me reposer !

Que le futur retraité soit un cadre surbooké ou un travailleur de force, qu’il ait à subir de très long transports quotidiens ou qu’il soit en contact avec des clients (voire des responsables) exigeants ; bien souvent sa première idée une fois libéré de ses contraintes, c’est tout simplement de profiter de la vie.

Pour respirer tranquillement. Pour se lever sans réveil. Pour manger en prenant le temps. Pour lire confortablement installé. Pour s’habiller comme on veut. Pour flâner en faisant le marché…

On met son corps et son cerveau au repos. Comme si la retraite était une très longue période de congés payés.

Oui, mais.

Mais c’est oublier la règle fondamentale du vivant,  qu’il s’agisse d’un muscle ou d’un neurone:

Ce qui ne sert pas s’étiole et régresse.

Bien plus vite qu’il ne le ferait naturellement par l’action des années.

Mais c’est oublier que l’âge est là. Que ce qui était facile autrefois peut être plus difficile aujourd’hui. Que si vous voulez durer en bonne santé et en bonne forme, il y aura des efforts à faire. Des stratégies à mettre en place.

Mais c’est oublier que si vous vous reposez trop longtemps, vous risquez de vous retrouver isolé, à l’écart de votre famille, de vos voisins, de vos amis. Car pour qu’une relation dure, il faut s’en préoccuper, la nourrir, veiller aux échanges. Cela ne se fait pas tout seul.

Mais c’est oublier que vous risquez de perdre le fil avec la vie courante. Que vous le vouliez ou non, le temps avance, les choses changent. Pour se tenir au courant, pour ne pas être dépassé, il faut s’intéresser, s’impliquer, dialoguer largement.

Mais c’est oublier que chacun de nous a besoin d’avoir une valeur, au moins à ses propres yeux, si ce n’est aux yeux des autres. Si vous ne faites rien d’autre que manger et dormir, au bout de combien de temps vous regarderez-vous dans le miroir pour vous demander « à quoi bon ? »

Ne construisez pas vous-même les murs de la prison où vous vous retrouverez enfermé.

Qu’on se repose un mois ou deux, c’est normal, on peut en avoir besoin après une longue vie de travail pas toujours facile. Mais ensuite, il est bien plus pérenne d’adopter un rythme de vie plus sain, plus adapté à soi-même, en retrouvant le plaisir de vivre, d’être actif, voire utile.

Même si cela demande des efforts. Même s'il faut le préparer.

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