• Le regard des "Autres"

    On dira ce que l’on veut, mais pour la plupart d’entre nous, il est difficile ou risqué de ne tenir aucun compte de l’opinion des « Autres ».

    Les « Autres », ce sont vos voisins, vos collègues, les quidams que vous croisez dans la rue, les gens que vous connaissez comme ceux que vous regardez à peine…

    Vous avez confiance en vous, vous pensez que vous êtes encore dans l’air du temps. Mais si les réactions, le regard des autres vous renvoient une image de personne dépassée, hors des clous, il est très probable que vous allez vous interroger, vous mettre à douter.

    Cela peut commencer n’importe quand, mais les premières alertes se situent en général à la soixantaine.

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    Vous êtes face à un appareil que vous utilisez pour la première fois. Vous tâtonnez un peu. Vous demandez qu’on vous explique. Le vendeur ou la personne que vous interrogez vous répond « je vais le faire pour vous ». Vous sentez bien 1/que vous devriez savoir, 2/qu’on ne vous croit pas capable de comprendre dans un temps raisonnable, 3/ que plus vite votre problème sera résolu, plus vite « l’Autre » pourra retourner à des choses intéressantes.

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    Vous faites la queue dans une file d’attente, et quand vient votre tour, le regard du commerçant vous effleure, et il monte un peu la voix : « Et pour la Madame (ou le Messieur), ce sera quoi ? ». (Notez la subtile distinction qu’apporte l’article ajouté !)

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    Vous allez chercher votre courrier. Dans l’escalier, ou derrière la haie, les voix de vos voisins vous parviennent : « Ah, oui, il (elle) ne prend plus autant soin de son balcon (de son intérieur, sa cave, de son jardin, de ses tenues, …) qu’avant. Il (elle) a pris un coup de vieux. ». Vous regardez votre balcon (votre intérieur, votre cave, votre jardin, votre tenue, …). Vous comprenez qu’ils parlent de vous.

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    Vous êtes à un guichet administratif quelconque. On vous pose une question. Plein de bonnes intentions, vous commencez une réponse détaillée. On vous coupe sans vous laisser finir : « J’ai pas tout mon temps, moi ! Si vous ne pouvez pas répondre comme il faut, faites-vous accompagner !».

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    Et je passe sur le regard soupçonneux de qui vous reprend dans la conversation, parce que vous avez oublié un mot ou vous vous êtes trompé de nom ou de numéro. « Vous n’êtes pas fiable, hein ? ». Vous vous excusez ou vous tentez de vous expliquer. « Oui, mais ce n’est pas la première fois, vous devriez faire attention. »

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    Bien évidemment, il est déconseillé de s’énerver ou de s’offusquer. Cela ne ferait que renforcer les aprioris de vos interlocuteurs. Mettez votre mouchoir par-dessus. Faites bonne figure. Si ce n’est pas aussi évident que les exemples ci-dessus, essayez de trouver ce qui a orienté les impressions en votre défaveur. Et tentez d’anticiper la prochaine fois !

    Car l’important, l’essentiel même, est de ne pas laisser le regard des autres vous faire vieillir plus vite qu’en réalité.

    Quelques astuces ?

    - Efforcez-vous, pendant que vous êtes plein de force et de raison, de prévenir les occasions où vous pourriez être dépassé. Certaines tâches, déjà  difficiles aujourd’hui, peuvent très vite devenir impossibles. Si tailler la haie commence à vous fatiguer, si vos poignets souffrent quand vous portez la cocotte en fonte, si vous trouvez que la terre est de plus en plus basse, si vous mettez plus de temps à monter les escaliers, le temps est peut-être venu de faire des choix. Il y a les mouvements qu’il vous faut entretenir pour rester en forme, et ceux qui vont devenir pénibles, voire dangereux. Pour ces derniers, ne tardez pas à prendre les décisions qui s’imposent. Un jardin trop grand dont le fond devient une friche, des haies dont on espace la taille et qui empiètent chez le voisin, des objets entassés ou couverts de poussière dans votre salon, et voilà de mauvais signes aux yeux des autres.

    - Quand vous rencontrez des interlocuteurs sur leur lieu de travail, souvenez-vous qu’ils n’ont pas le temps d’écouter. C’est le plus dur à réaliser, quand vous-même avez tout votre temps : vous ne vivez plus suivant le même rythme. Efforcez-vous de préparer l’information utile de la façon dont elle est attendue, et non comme vous aimeriez la dire (oui, oui, je sais, fait à votre façon, ce serait bien mieux : mais nous ne sommes pas dans un monde parfait et l’important, c’est que votre demande ou votre réponse soit  entendue et comprise). Donnez-la brièvement. Si on vous accorde plus de temps, et dans ce cas-là seulement, vous pouvez envisager de détailler davantage.

    - Pour les nouveautés technologiques, d’accord, vous n’êtes peut-être plus dans un contexte d’apprentissage naturel. L’information ne vient plus forcément à vous. Il vous faut aller la chercher. Un petit tour préalable sur Internet peut vous apporter un minimum de connaissance. Et un essai ou deux dans une boutique ou un contexte hors stress vous donnera un peu de pratique.

    - Le plus important reste toutefois de soigner un minimum votre apparence et  votre environnement. Le mot d’ordre est « propreté et netteté », plus encore qu’avant, quand une faiblesse de look ne pouvait pas être mal interprétée.

    Alors, oui, quand on a eu pendant des décennies la contrainte de se raser tous les jours et de porter la cravate, c’est confortable d’oublier le rasoir et de ne plus quitter vieux tshirt et pantalon de survêt élimé. Mais vivre confortablement ne signifie pas se laisser aller. Si vous voulez être respecté et traité comme une personne responsable, il est nécessaire de montrer par votre tenue et vos attitudes que vous vous respectez vous-même autant que vous respectez les autres.

     

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