• La retraite quand on est au foyer

    Quand on parle retraite, on s’adresse d’ordinaire à ceux qui ont un travail rémunéré. Toutefois, pour une épouse qui reste d’ordinaire au foyer, la future retraite de son mari est certainement un événement important.

    Elle peut en être ravie, ou très inquiète, voire les deux à la fois !

    Enfin, son mari va pouvoir se reposer : terminés les départs matinaux et les retours tardifs. Il sera plus présent, aura sans doute plus de temps pour elle, pour les enfants, pour toutes ces petites choses qu’il fallait programmer le soir, le week-end ou pendant des congés.

    D’un autre côté, il va quitter une organisation connue pour une retraite qu’il a peut-être plus ou moins bien préparée. Elle va peut-être découvrir, avec plaisir ou surprise, des facettes de son mari qu’elle n’imaginait pas. Quelles seront les envies du nouveau retraité, ses choix, et comment influeront ils sur l’organisation de son épouse ? Le sait-il lui-même ?

    Elle, elle se demande comment partager un espace qu’elle occupe d’habitude à sa façon, à son rythme. Il va lui falloir céder certains droits, certains avantages, auxquels elle tient peut-être plus qu’elle ne l’imagine.

    Elle veut peut-être conserver une part d’autonomie, d’intimité. Est-il prévu qu’il ait lui aussi les parts d’intimité et d’autonomie dont il aura besoin ? Le partage de l’espace commun a-t-il été repensé à deux ?

    La nouvelle répartition des rôles pour tous les jours a-t-elle pu être discutée ?

    S’il ne participait que peu à la vie quotidienne, mais que, plein de bonne volonté, il s’essaye désormais à la cuisine ou au ménage, arrivera-t-elle à accepter,  avec le sourire, qu’il n’ait pas les mêmes pratiques qu’elle ?

    A contrario, sera-t-elle d’accord s’il ne manifeste aucune volonté de partager les tâches domestiques ?

    C’est toute une relation qui doit se rebâtir sur de nouvelles conditions. La vie de couple doit se réapprendre, et cela ne peut se faire que si chacun y trouve une place qui lui convient, sans oublier la vie commune telle que souhaitée par les deux partenaires.

    Cela demande beaucoup d’échanges et de discussions, à des moments où Monsieur et Madame sont tous deux vraiment disponibles pour parler de l’avenir avec sérénité et réalisme. (« Tu t’inquiètes pour rien : on va voyager, on sera comme en vacances !» n’est pas vraiment une discussion réaliste. Attention au déni des difficultés, volontaire ou non.)

     

    Pour illustrer la complexité du ressenti d’une épouse au foyer quand elle réfléchit un peu trop seule, voici trois exemples au hasard :

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    Madame Autonome n’est pas mécontente de savoir son mari bientôt en retraite. Il le mérite, le pauvre, avec les horaires de fou qu’il fait. Elle n’est toutefois pas vraiment ravie. Depuis le départ des enfants, elle a la maison rien qu’à elle chaque jour de semaine, et elle a pris ses petites habitudes. Un mari à la maison, pour elle, cela veut dire moins de liberté. Cela signifie aussi des repas de midi plus élaborés, à des horaires plus réguliers, alors qu’elle se contente habituellement de quelques crudités sur un coin de table. Et puis il voudra peut-être qu’ils sortent quand elle aura prévu autre chose. Ou être dans ses pattes quand elle souhaitera travailler de façon efficace. Elle va devoir lui faire de la place. S’adapter à un quotidien à deux. Abandonner de l’espace, de la liberté. Elle va devoir changer. S’adapter. Et ça l’inquiète.

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    Madame Fusionnelle est ravie de savoir son mari bientôt en retraite. Depuis que les enfants sont partis, elle s’ennuie un peu à la maison. Elle imagine déjà partager, du matin au soir, de bons moments de détente ou d’intérêt. Ils vont tout faire ensemble, du ménage aux courses et jusqu’à la moindre tâche du quotidien. Ils vont se promener, choisir des films, voir leurs amis ensemble. Mais quand elle en a parlé à son mari, il a eu l’air un peu effrayé. Il a demandé un espace à lui pour bricoler ou travailler à l’ordinateur, seul. Il a même parlé de choisir à l’extérieur une activité qu’elle ne peut partager. Elle a bien conscience qu’il aimerait qu’elle se trouve des occupations rien qu’à elle, et ça, elle ne l’avait pas prévu.

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    Madame « à la maison c’est moi qui gère » ne s’inquiète pas vraiment de la future retraite de son mari. Elle continuera à s’occuper de la maison comme avant. Elle fera juste plus attention à l’alimentation, car il a tendance à prendre du poids. Comme il n’a pas développé de hobby jusque-là, elle veillera à l’occuper pour qu’il ne reste pas inactif. Il ne faudrait pas qu’il prenne l’habitude du canapé et de la TV ! De toute façon, il a son jardin à s’occuper, et il y a des travaux qui attendent depuis longtemps qu’il ait un peu de temps libre. Elle pense même en profiter pour demander telle ou telle modification à laquelle elle pense depuis longtemps. Puis elle a prévu d’accueillir régulièrement les petits enfants, dès qu’il y aura des vacances. Et aussi ils iront visiter la famille qu’ils ne voient pas assez souvent. Et quelques voyages, bien sûr, selon le niveau de leurs finances. Elle a pris soin d'exposer ce programme à son mari, plusieurs fois. Il a eu l'air d'accord. Tout va bien. Alors pourquoi a-t-elle l'impression qu'il ne s'impliquera pas autant qu'elle le souhaiterait ?

     

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